Le confinement et son impact : interview de Nadine Darfour, directrice de la MJC de Morangis Reviewed by on . Entretien réalisé le 3 novembre 2020 DURANT TOUT LA période de confinement sanitaire, nous allons donner la parole aux acteurs de notre réseau, pour exprimer le Entretien réalisé le 3 novembre 2020 DURANT TOUT LA période de confinement sanitaire, nous allons donner la parole aux acteurs de notre réseau, pour exprimer le Rating: 0

Le confinement et son impact : interview de Nadine Darfour, directrice de la MJC de Morangis

Entretien réalisé le 3 novembre 2020

DURANT TOUT LA période de confinement sanitaire, nous allons donner la parole aux acteurs de notre réseau, pour exprimer les difficultés rencontrées et les initiatives innovantes menées localement. Le premier entretien de notre série est un témoignage concernant la MJC de Morangis. Merci à Nadine Darfour, directrice de la structure, pour le temps qu’elle nous a accordé.

Quel a été à Morangis l’impact des mesures sanitaires sur l’activité, pendant la période de couvre-feu?

L’impact a été faible, concernant nos activités artistiques, sportives et culturelles hebdomadaires ou mensuelles. Pour les activités qui ne pouvaient permettre le respect du couvre-feu ou qui ne s’adressaient pas aux enfants, des aménagements horaires ont été trouvés. Moins de cinq activités sur trente ont été suspendues. Cette phase nous a vraiment permis de nous rendre compte que les intervenant·e·s  – comme les usagères et usagers – ont su être réactives et réactifs et ont fait preuve d’adaptabilité et de souplesse. Quant aux projets en cours, comme les vacances allaient arriver, notre dernier grand rendez-vous était la veille du couvre-feu. A court et moyen termes, le couvre-feu était pour nous supportable.

Concernant à présent les réunions de bureau associatif et les conseils d’administration, qui ont lieu en soirée, nous les avions menées en visioconférence lors du premier confinement et nous renouvellerons le principe…

Durant les deux mois de confinement printanier, avez-vous observé des failles et des difficultés pour le maintien du lien social, qui ont été des leçons utiles pour envisager ce nouveau confinement ?

Des ratés… Je vais avoir du mal à les identifier, mais il y en a certainement eu, car nous nous sommes retrouvé·e·s face à une situation inconnue, qui nécessitait de communiquer des informations parfois contradictoires. Nous avons alors globalement bénéficié d’une bonne attitude de la part des adhérents. Les intervenants ont eu quant à eux deux soucis : à la fois le maintien du lien avec les publics mais aussi la préoccupation financière… Très vite, il a été décidé – dans cette situation exceptionnelle – de maintenir l’ensemble des rémunérations. En ce qui concerne le maintien du lien, des efforts ont été menés pour innover. Certains  ateliers ont pu être dispensés en visio mais cela s’est avéré impossible pour d’autres (par exemple les ateliers arts plastiques, ou certains ateliers destinés aux seniors).
Progressivement, la ville a réouvert les espaces extérieurs et a autorisé les associations sportives de renouer avec les pratiques en extérieur. Par la suite, un protocole d’accueil a également été mis en place en intérieur.
Le raté, c’est que l’on a eu des difficultés à mobiliser suffisamment d’adhérents pour voter en AG, notamment la décision concernant les salaires et les potentiels remboursements, pour que tout le monde ait bien conscience de ces enjeux-là. Sur ce second point, la décision retenue a été de proposer une réduction pour une réinscription. Je parle d’un raté car nous sommes parfois confrontés au contrecoup de personnes qui demandent à ce propos des explications et des comptes. C’est sans doute là une difficulté propre à la vie associative, mais en effet, dans la sidération – que l’on retrouve maintenant – des décisions ont été prises sans que leur mise en débat soit suffisante.

Avec la nouvelle phase de confinement, avez-vous d’emblée organisé le maintien par visioconférence de vos activités ?

Ce qui a été décidé chez nous, et l’avait été avant le lancement de la nouvelle saison, c’est que le modèle pour lequel nous avions opté pendant le premier confinement ne serait pas reconduit… Nous avons malheureusement enregistré 20% d’inscriptions en moins à la rentrée, et au vu de ce constat, le CA s’est tout de suite positionné différemment, au chapitre de la rémunération des intervenants. En cas d’un second confinement, il a résolu de ne pas assurer le complément de rémunération, car les intervenant·e·ss seraient passé·e·s en chômage partiel, et que les adhérents seraient remboursés en fin de saison, au prorata des séances supprimées, en vertu de la fermeture administrative. C’est là un message pour rassurer, et essayer de s’assurer les inscriptions à venir l’année suivante. Dans le sondage, on voit que si on ne rembourse pas et si l’on assure uniquement des cours en visio, les usagers ne procéderont pas à leur réinscription.

Quelques intervenants ont toutefois demandé à maintenir leurs ateliers en visioconférence, trois en fait. Nous avons alors dit : si le cours de substitution peut être proposé, il nous faut un message écrit de tous les élèves attestant qu’ils reconnaissent que ce cours est bel et bien dispensé et qu’il ne saura faire l’objet de remboursement. Mais cela n’a marché pour aucun des trois cours pour lesquels nous avons tenté de mener l’expérience. Un cours en visio ne leurs correspond pas.
Mon espoir personnel – qui est peut-être utopique -, c’est que le confinement ne soit pas trop long et que l’on puisse proposer des séances de rattrapage en présentiel, en janvier éventuellement. Nous avons essayé d’être en solidarité vis-à-vis des animatrices et animateurs mais voulons également l’être vis-à-vis des adhérents, qui eux aussi peuvent connaître des problèmes économiques et des doutes. Pour l’instant donc, il n’y a pas de cours de substitution. On est naturellement dans un déchirement : nous avons voulu garder une cohérence morale par rapport au contrat que l’on a avec les adhérents ; mais sommes conscient des difficultés que cela peut occasionner côté intervenants.

Au-delà des activités courantes du centre, avez-vous l’intention de mener des projets culturels spécifiquement liés au confinement ? (Appel à participation artistique, café littéraire, lieu dématérialisé de convivialité ?)

Durant le premier confinement, une initiative lancée par un intervenant en illustration a été menée et des dessins produits par ses élèves, sur leur vision du confinement et du personnel hospitalier.
Pour ce qui est de la période actuelle, notre souci est de maintenir le lien et que la MJC ne soit pas considérée comme un « supermarché d’activités Â», qu’elle peut être autre chose. Ce n’est naturellement pas simple… Mais nous menons actuellement deux projets défis qui vont avoir cours jusqu’en décembre. Le premier est lié au téléchargement d’une application mesurant l’empreinte carbone, qui est une pratique ludique pour inciter les usagers à réfléchir et modifier leurs pratiques. Le second concerne l’égalité dans la répartition des tâches ménagères à la maison. Ce projet a d’autant plus d’écho que l’on avait tous pris conscience de l’accroissement des violences conjugales, observé lors du premier confinement.

Deux autres axes encore, que nous poursuivons : nous disposons de ruchers à la MJC et l’on va rentrer dans une période de mise en hivernage. Nous allons filmer cette étape, pour tenir les publics informés, la vidéo obtenue sera mise en ligne sur notre site. Nous avons en outre maintenu un rendez-vous visant à confectionner des pièges à frelons asiatiques. Là encore, cela fera l’objet d’un contenu vidéo mis en ligne, pour aider celles et ceux qui s’y intéressent à construire des pièges.

Enfin, nous voulions l’an passé proposer un carnaval, projet qui est malheureusement tombé à l’eau et que l’on va tenter de reconduire cette année : pour le préparer, nous organiserons prochainement en visio des animations pour fabriquer des masques. Nous essayons donc de maintenir des animations, plutôt sur des projets transversaux, qui ne sont pas nécessairement liés au suivi annuel et régulier d’une pratique.

La MJC poursuit également son accompagnement à la parentalité en visio conférence avec un rendez-vous bimestriel

Dernière chose, nous allons mener un large sondage de nos publics à propos de notre projet social, pour le renouvellement de notre agrément auprès de la CAF : la question centrale est « comment mieux servir ? Â» C’est une opportunité pour analyser ce qu’est la MJC en temps de crise, à quoi elle sert, comment elle peut être davantage utile et nourrir ainsi notre projet social.

Quelles sont vos craintes pour l’avenir ? Mesurez-vous déjà les conséquences sur 2020-2021 ?

Les conséquences que je redoute le plus, c’est que peut-être nos partenaires financiers  viennent à estimer que la MJC n’a pas d’utilité suffisante en période de crise, qu’elle correspond plus à une dépense qu’à un service aux habitant·e·s ; que le soutien ne soit pas renouvelé à la même hauteur, c’est la crainte principale.

En outre, Morangis  a changé de municipalité cette année, il nous faut rester très attentif, pour parvenir à la convaincre de notre utilité sur le territoire et de la nécessité de poursuivre le partenariat… Financièrement, si CAF et la Ville continuent de nous soutenir à hauteur égale, la MJC peut se sortir de cette crise sans trop de dommages… La crainte n’est pas le désengagement des adhérents, qui resteront usagers de nos activités, s’ils sont concrètement rassurés. Ce qui nous soucie, c’est de savoir quelle vision les politiques décisionnaires tireront de la situation et de l’analyse

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La FRMJC-IdF est affiliée à la MJC de France.
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