Portrait de stagaire CEPOP#1 : Charlène Chauvet Reviewed by on . Nous vous en parlions, la formation CEPOP a démarré le 19 septembre 2019. Avec ses valeurs d'éducation populaire solidement ancrées, la formation Cadre d'Educat Nous vous en parlions, la formation CEPOP a démarré le 19 septembre 2019. Avec ses valeurs d'éducation populaire solidement ancrées, la formation Cadre d'Educat Rating: 0

Portrait de stagaire CEPOP#1 : Charlène Chauvet

Nous vous en parlions, la formation CEPOP a démarré le 19 septembre 2019. Avec ses valeurs d’éducation populaire solidement ancrées, la formation Cadre d’Education POPulaire et des droits culturels permet d’appréhender le métier de direct.rice.eur de diverses associations ou collectivités territoriales. Cette année encore, elle a su attirer de nombreu.ses.x participant.e.s, dont les parcours singuliers reflètent toujours les préoccupations fondamentales de l’éducation populaire. Rencontre avec Charlène Chauvet, premier portrait de cette promotion 2019.

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours professionnel ?

Je m’appelle Charlène Chauvet, j’ai 22 ans. J’ai fait une mission à la Fédération Régionale des Maisons des Jeunes et de la Culture l’année dernière, et depuis, j’ai intégré la formation CEPOP. De base, j’ai un parcours très scolaire. Je suis passée complètement inaperçue parce que j’étais une bonne élève, donc collège, lycée, très bien, après, fac de lettres. En fait, je ne savais absolument pas ce que je voulais faire, je me sentais isolée, et j’avais beaucoup d’expériences professionnelles parce qu’il fallait financer ses études, et j’ai fait beaucoup de petits boulots – enfin, de « petits » boulots, ça revient encore dans mon esprit de dire « petits boulots » alors que non : c’est du travail. J’ai fait de la caisse, de l’accueil, j’ai fait beaucoup de baby-sitting. Il est arrivé un moment où il fallait soit passer un Master, soit travailler, et j’ai voulu continuer en Master. Je ne voulais pas faire littérature, je ne voulais pas être professeur des écoles non plus, et j’ai voulu me tourner vers la culture. On m’a demandé des expériences professionnelles significatives et je n’ai pas compris en quoi mes expériences de caisse, de baby-sitting et d’accueil n’étaient pas significatives pour les examinateurs des formations culturelles. En fait, tout simplement, elles ne correspondait pas à leurs yeux au champ culturel. J’ai trouvé ça injuste, et je me suis dit que j’allais mettre les études de côté et comme j’ai retrouvé la petite liste de ce que je voulais dans cette vie, conçue quand j’étais petite, j’ai trouvé dans la liste « Faire du bénévolat ». Je me suis dit « Bon, bah, le bénévolat, je ne peux pas parce qu’il me faut un peu de rémunération quand même mais je vais tenter le service civique : comme ça, je suis dans l’engagement, je réalise un rêve d’enfance et j’ai un peu de sous de côté. »

As-tu été active dans des structures d’éducation populaire, – MJC ou autres – et quelles y ont été tes missions ?

J’ai fait mon service civique à la Fédération des MJC en Ile-de-France. En fait, de base – c’est une petite anecdote, mais que je trouve sympa -, j’avais postulé pour une autre mission, au sein des Hauts-de-Belleville. Cette mission, c’était la création et la communication d’un café associatif. J’avais postulé, et Grazziana, la personne chargée du volontariat à la FRMJC, a vu passer ma candidature et m’a contactée pour une mission que je n’avais pas vue, tout en me laissant le choix entre les Hauts-de-Belleville et la Fédé. J’ai préféré prendre celle de la Fédé, parce qu’elle m’intriguait et j’avais vu qu’il y avait une exposition « Non A La Haine ». J’avais vu que c’était dans une fédération, mais le mot même de fédération m’intéressait. J’ai décidé de me diriger vers ce qui m’interrogeait le plus, et ce qui me faisait le plus peur.
J’avais 3 missions : la première, c’était d’aider Grazziana concernant le service civique : c’était la contractualisation, le recrutement, mais aussi la formation des personnes en service civique puisqu’est programmée une journée de formation chaque mois pour chaque Volontaire. C’était dans le programme et la nomination de ces journées-là. Une autre partie était donc l’exposition « Non A La Haine », exposition interactive sur les médias qui tournent au sein du réseau de la Fédération. Il s’agissait alors d’assurer la gestion du calendrier et l’édition des contrats. L’animation m’intéressait beaucoup, parce que j’en avais un peu fait et j’avais adoré ces expériences, tout ce qui était pratique de débat, notamment. J’avais une troisième mission sur l’animation de réseaux ; une mission de communication qui était d’agrémenter la newsletter de la Fédération en me déplaçant dans les MJC lors des événements.

Comment as-tu pris connaissance de la formation CEPOP ? Et pourquoi avoir fait cette formation ?

(…) J’ai découvert la formation sur le tas, en faisant mon Service Civique, en discutant avec l’équipe de la Fédération. Grazziana, qui était ma collègue, vient elle-même de cette formation, et il y a eu tout un suivi avec elle, parce qu’elle était ma tutrice et elle m’a beaucoup aidée durant ma mission de Service Civique, elle m’a toujours laissé le choix, on a beaucoup discuté. Par exemple, je voulais revenir à la culture. Puis, Max m’avait proposé de suivre une formation sur les droits culturels, donc forcément, mon regard sur la culture a été modifié. Puis, je me suis rendu compte que, moi qui ne connaissait pas ce milieu de l’éducation populaire, je m’y sentais bien. Et que j’avais rencontré des personnes que je trouvais inspirantes et intéressantes, et j’ai voulu y rester.

L’éducation populaire : qu’est-ce que c’est pour toi ? A quelles valeurs de l’éducation populaire es-tu le plus sensible ?

L’éducation populaire, qu’est-ce que ça représente pour moi ? Moi, je découvre l’éducation populaire, mais pas d’une façon scolaire, dans le sens où je n’avais jamais entendu parler de cette chose avant (…). En faisant ce service civique, j’ai pu poser des mots sur ce que j’avais vécu, sur beaucoup de sentiments d’injustice, sur ce qu’avaient vécu mes parents. Pour moi, l’éducation populaire, c’est l’éducation tout au long de la vie et c’est ça qui m’intéresse. Quand j’étais petite, avec mes yeux d’enfant, je trouvais que les adultes n’étaient pas des adultes et je m’interrogeais beaucoup « Oh, mais, qu’est-ce qu’ils me disent là ? », « Comment, moi, petite, je vais pouvoir leur montrer qu’ils sont complètement absurdes ? ». L’éducation populaire, c’est cette notion-là qu’on n’est pas des êtres finis et qu’on est toujours en développement pour moi (…) et que ça se fait par la rencontre.

L’intitulé de la formation inclut le concept de Droits Culturels : comment appréhendes-tu ce concept, qui a une importance grandissante actuellement ?

Les droits culturels se basent sur les droits de l’Homme, et la question des droits de l’Homme m’a toujours intéressée, et notamment la question de l’universalité : qu’est-ce qui est universel ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Et en fonction des situations, des pays, et de plein de choses, l’universel est plus ou moins abstrait ou concret, et cette notion m’interroge. Comment on fait pour vivre avec la diversité de l’être humain ? Même la notion de dignité n’est pas la même en fonction des pays où l’on se trouve et où on va. C’est aussi cette notion-là qui m’intéresse et j’y vois vraiment une égalité. Par exemple, je suis portugaise, mes grands-parents sont portugais, ma maman est portugaise et ils ne m’ont jamais transmis leur culture. Ils ne m’ont pas appris la langue, et si ils m’ont transmis quelque chose, c’est que j’ai baigné dans le religion chrétienne, qui est très importante dans leur milieu, et là encore, ce n’était pas très bien vu, c’est un christianisme très folklorique, où on croit aux sorciers et sorcières. J’ai été souvent attristée de pas savoir parler le portugais quand je rencontrais des tantes, des oncles, et que je ne savais pas le portugais. Je me suis intéressée à la littérature ; et ça a créé une rupture entre ma famille et moi, le fait de lire. Je ne comprenais pas parce que c’était un intérêt pour la littérature. Au final, je me dis, plus je grandis, plus je me rends compte qu’il y avait une culture dominante et que les êtres autour de moi se sentaient écrasés par cette idée de la Culture où eux apparaissaient comme des gens stupides. Donc, dans les droits culturels, je vois vraiment l’égale dignité des êtres et la reconnaissance de leur singularité. Ce qui n’est pas facile : il faut humanité en commun, ensemble.

La philosophie de la formation se veut très orientée sur la co-construction : comment se manifeste, dans les premiers jours, le fait d’être acteur de sa formation, au même titre que les enseignants et intervenants qui l’animent ?

Au début de cette formation, on a suivi deux semaines de cours avec Jean Le Bohec, qui nous a permis de nous raconter et livrer notre héritage culturel, avec ce qu’on voulait dire ou pas. Je pense que ça a été la base parce que ça nous a permis de comprendre les personnes qui étaient dans notre groupe et comprendre l’autre. C’est peut-être la première entrée pour pouvoir co-construire, comprendre, l’aimer ou pas [l’autre] et au moins savoir d’où il parle quand il parle. Quand il s’exprime, c’est rarement anodin, c’est tout une construction de son être.
On a eu des cours aussi sur l’idée d’instituant et d’institué. L’institué, c’est celui qui aurait le pouvoir, et l’instituant, qui est un être un peu déviant, qui revient poser des questions à l’institué. Cette base est possible dans un groupe stage (…), on a des jours où on peut poser toutes les questions que l’on veut, venir réinterroger les pratiques de l’université ou de la Fédération, et pouvoir être instituant.

Peux-tu décrire la structure qui t’accueille en alternance ? Comment as-tu été intronisé au sein de cette structure ?

Je travaille à la MJC d’Evry-Courcouronnes, où je suis en stage, avec Élodie Cormier, qui a suivi la première formation de cadre de l’éducation populaire. Les deux villes d’Evry et Courcouronnes ont fusionné en janvier 2019. Avant, c’était la MJC Simone Signoret de Courcouronnes. Ma mission de base, c’est le renouvellement de l’agrément social – la MJC est un centre social également où je suis en co-direction. Je peux faire à la fois de l’animation, de l’administration, et puis m’interroger sur la structure, le politique de la structure.

Quels sont tes espoirs et tes envies pour la suite de ton parcours ?

Sur la liste des choses à faire conçue quand j’étais petite, il y avait le tour du monde en bateau. Non, non, ce n’est pas la bonne réponse (rires). J’ai fait ce Master parce que je veux rester dans le milieu des MJC. Si je peux être directrice, ce serait intéressant ; s’il faut occuper un autre poste, j’occuperais un autre poste. Vraiment, je ne me pose pas toutes ces questions parce que j’ai plutôt une personnalité qui veut se concentrer sur l’ici et le maintenant, et ne rater aucune occasion… Donc on verra ce que la vie m’apportera.

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La FRMJC-IdF est affiliée à la MJC de France.
Elle reçoit le soutien du Ministère de l'Education Nationale de la Région Ile-de-Franceet de l'Agence du Service Civique.

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