Le tiers lieu, un outil de “transition” pour les MJC ? – la Fourmilliante à Nogent-sur-Marne
Comment faire évoluer le projet associatif d’une MJC pour être au plus près des urgences de l’époque ? Pour tenter de répondre à cette question, la MJC Louis Lepage de Nogent-sur-Marne a lancé un tiers-lieu solidaire fondé sur les principes de réemploi, de transformation, de valorisation et de transmission. Cet espace baptisé la Fourmilliante rassemble aujourd’hui un accueil inconditionnel, un vestiaire, une ressourcerie, une salle d’exposition, un café associatif et un espace de travail. Le tout avec le moins de règles possible.
La volonté première était surtout d’affecter plusieurs usages à un même lieu et de placer le tout au cœur de la MJC pour garantir une mixité réelle des publics. C’est la définition du tiers lieu – mot valise par excellence – qu’a choisi l’équipe de bénévoles et de salariés pour évoluer dans cette réalisation.
Mais l’espace s’est imposé au terme d’un long processus, par tâtonnement et non par un projet clairement posé à l’origine. Ce principe d’expérimentation est une condition pour garantir le “vivant” et l’organicité d’un projet ou d’un lieu. Qu’il ait sa propre vie et qu’il se conserve au-delà des personnes qui le portent. Tout cela devait également rester cohérent et connecté aux autres facettes de l’association : la Partagerie dédiée à la transition écologique (jardin partagé, site de compostage, café des bricoleurs, ateliers zéro déchets), un Espace de Vie Sociale et les plus traditionnelles activités régulières de pratiques amateurs.
Au quotidien, l’équipe a constaté un vrai renouvellement du public de la MJC. Des mamans, des collégiens, des adhérents âgés, des demandeurs d’asile se voient, se côtoient, partagent les mêmes espaces. Les regards changent et l’étrange étranger que chacun peut voir en l’autre perd un peu son statut… Aussi, la Fourmilliante a permis la participation de nouveaux bénévoles intéressés par les objets du quotidien, les vêtements et leur valorisation.
Ce nouvel espace physique travaille “en même temps” l’éco-citoyenneté, la solidarité active, l’accessibilité culturelle et l’économie circulaire. Il reste donc bien un projet de MJC mais en décloisonnant les usages et les publics, il permet l’émergence de l’inconnu, de l’imprévisible, de la surprise pour les usagers, comme pour les professionnels. Il crée les conditions du possible.
Thomas Jury – directeur fédéral en poste à la MJC de Nogent-sur-Marne