Projet “La MJC a changé ma vie” – entretien avec Ariane Bourrelier Reviewed by on . Pour fêter son cinquantième anniversaire, la FRMJC-IDF invite Ariane Bourrelier à mener un projet artistique multimédia, “La MJC a changé ma vie”. Par le texte, Pour fêter son cinquantième anniversaire, la FRMJC-IDF invite Ariane Bourrelier à mener un projet artistique multimédia, “La MJC a changé ma vie”. Par le texte, Rating: 0

Projet “La MJC a changé ma vie” – entretien avec Ariane Bourrelier

Pour fêter son cinquantième anniversaire, la FRMJC-IDF invite Ariane Bourrelier à mener un projet artistique multimédia, “La MJC a changé ma vie”. Par le texte, par l’image, par la vidéo et même par le théâtre, Ariane donne à entendre dans notre réseau des paroles d’habitants. Entretien.

Les photographies illustrant cet entretien ont été réalisées par Sonia Blin, pour le projet « Paroles des Hauts de Belleville ».

Tu interviens actuellement à la fédération des MJC-IDF sur un projet qui s’appelle, “La MJC a changé ma vie”. Je sais que tu as une vraie histoire avec les MJC… Pourrais-tu m’en dire quelques mots?

Après un parcours exclusivement dans le théâtre, ma première vraie rencontre avec les MJC, c’était en 1995, avec les Hauts de Belleville, quand j’y ai animé un atelier théâtre. Suite à cela, j’ai fait un DEFA, puis, en 1997, la formation pour devenir directrice de MJC qui existait alors avec l’INFED, à Rennes. J’ai été directrice de MJC pendant dix-sept ans. Après 2 ans sur un poste à Annecy, j’ai dirigé la MJC de Noisiel pendant six ans, puis le Pôle Simon Le Franc pendant trois ans – pour son ouverture -, et enfin la MJC Mont Mesly Madeleine Rebérioux Créteil, pendant six ans.

Initialement animatrice théâtre dans l’éducation populaire, tu as donc tout de même été amenée par la suite à des postes de direction avec tout ce que cela comporte d’administratif, et là, tu reviens depuis quelques temps à la création et aux rapports humains, sur le terrain…

Si je n’avais pas été directrice de MJC, je n’aurais sans doute pas su réaliser les projets de la façon dont je les mène actuellement. Il y a une vraie logique dans mon parcours… Et puis, même en tant que directeur/trice de MJC, on peut garder le lien avec le terrain, heureusement, chacun à sa façon ! Pour cela, ma façon de faire a été de mener, dès mon poste à Noisiel, des entretiens avec des habitants, pour mieux comprendre le territoire sur lequel j’étais et pour provoquer de la connaissance pour tous, des échanges et du lien…

Dès ces premiers entretiens, tu concevais des grands formats accompagnés de paroles et témoignages, des films également?

Quand je suis arrivée à Noisiel, la question de la mixité culturelle et sociale dans la MJC se posait. On a co-construit avec les administrateurs et les salariés, un projet qui s’est appelé D’une culture à l’autre. Chacun avait un rôle à jouer : programmer des contes, des concerts, des jeux autour d’une culture… Le mien était de mener des entretiens avec des habitants issus de cette culture. Je me disais : “Si l’on veut créer de la connaissance, il faut partir de l’intime et amener les gens sur le territoire à partager leur histoire ”. Nous avons consacré le premier projet aux Manouches d’une aire d’accueil de Gens du voyage. J’ai trouvé un pasteur qui a accepté de raconter son histoire. Je l’ai enregistré en audio. Cela a tellement bien fonctionné que nous avons poursuivi avec d’autres cultures, mais en filmant plusieurs personnes.
J’ai poursuivi cette démarche à Paris, avec l’ouverture du Pôle Simon Le Franc, puis à Créteil, avec le projet De génération à génération. Mais le temps et les moyens me manquaient pour la partie entretiens du projet. Je ne parvenais qu’à travailler sur des temps volés, trop courts pour parvenir à un résultat satisfaisant. J’arrivais à mes limites en tant que directrice de MJC.
Après avoir quitté mes fonctions de directrice, Laure Di Franco, qui était aux Hauts de Belleville – et qui connaissait mon travail à Noisiel en étant alors à Lognes – a proposé aux administrateurs ma venue à Belleville pour mener un projet autour de paroles d’habitants du quartier. Pour être autonome, je me suis formée à l’INA, et investie dans une caméra professionnelle et je me suis lancée dans l’aventure de Paroles des Hauts de Belleville, en associant une photographe, Sonia Blin.

A présent, tu te consacres donc pleinement à ce genre de travail créatif?

Oui, après la première étape de Paroles des Hauts de Belleville, sur la saison passée, le CRL10 m’a sollicité pour une démarche équivalente sur Château Landon, puis la Ville de Noisiel, pour la Journée Internationale des droits des femmes et également la MJC Mont Mesly Madeleine Rebérioux, pour le projet Génération à Génération., Je travaille sur une déclinaison des entretiens sous forme d’exposition, avec Sonia Blin (ou Marie Pierre Trigla photographe à Créteil), de réalisation audiovisuelle et d’une « théâtralisation » des histoires.

Nous sommes habitués aux portraits photographiques et filmiques, ainsi qu’aux entretiens. En revanche, ce qui étonne davantage, ce sont les restitutions théâtrales.
Pour les personnes qui se sont confiées et qui voient ensuite d’autres rejouer ou s’emparer de leur histoire, cela doit être une émotion étrange…

Ce qui m’a été dit, c’est précisément que ce qui touche le plus les personnes, ce n’est pas le fait de se voir filmé mais de voir quelqu’un d’autre raconter leur histoire…

Quand on fait du théâtre, on se demande toujours si les artifices (décors, accessoires, effets de mise en scène) servent convenablement le texte… Comment conçois-tu la partie théâtrale?

Je cherche tout d’abord les personnes qui voudront bien interpréter les histoires et qui habitent sur le même territoire que les personnes avec lesquelles j’ai fait les entretiens. . Souvent, ils n’ont jamais fait de théâtre. Je leur demande ensuite de choisir parmi les histoires. Il ne faut pas qu’ils connaissent la personne, ni qu’ils voient l’entretien filmé. Je leurs demande surtout de s’approprier les histoires. On ne répète que très peu de temps, deux ou trois fois maximum. Après, je propose une situation collective dont chaque récitant va tour à tour sortir. A Paris par exemple, c’est le métro qui s’est imposé comme lieu symbolique de mise en situation. La volonté reste toujours de mettre en scène le collectif. Je fais le lien avec les MJC, où la question de l’individu et du collectif est très importante.

Et c’est une question qui va avoir un rôle dans le nouveau projet que tu mènes, “La MJC a changé ma vie”?

Nous avons beaucoup discuté du titre : est-ce que c’est au passé, au présent? Est-ce que le terme “changer” convient bien? C’est à travers les échanges avec les personnes que je vais petit à petit trouver le fil conducteur. Mes entretiens ne sont pas directifs. Le propos central n’émergera qu’à l’issue des entretiens. On ne peut pas décider maintenant ce que sera le contenu de “La MJC a changé ma vie”.

Quel est le calendrier du projet?

Une première étape aura lieu pour l’Assemblée générale de la FRMJC, le 29 juin à Pontault-Combault, avec des extraits des entretiens de quatre administrateurs. Il s’agit de montrer au réseau des histoires d’administrateurs et de donner envie pour une implication dans la construction du projet. Il sera finalisé pour novembre prochain, avec un film de 52 mn, réunissant environ vingt protagonistes, élus associatifs, bénévoles, salariés des MJC mais aussi élus municipaux, tous très impliqués et pour lesquels les MJC ont marqué, changé, transformé leur histoire.

Habituellement, tu interviens sur des territoires donnés. Avec “La MJC a changé ma vie”, cela ne va pas être un territoire restreint… Peut-on parler de territoire symbolique?

Oui, tout à fait… Mais il y a d’abord le territoire d’Ile-de-France, qui a ses particularités. L’idée précisément est de sillonner ce territoire, de ne pas rester dans un seul département… Il y a aussi en effet un territoire symbolique. Les MJC ont des liens. Je suis curieuse de ces rencontres à venir et de ce que je vais découvrir… Il y a beaucoup de contrastes dans le réseau : des milieux urbains, ruraux, des spécificités locales… Je me demande comment va s’exprimer ce qui fait sens pour tout le monde, un dénominateur commun, des liens… Mais il y aura aussi certainement des sujets qui peuvent amener à des échanges plus musclés… Le débat est essentiel…

Penses-tu d’emblée que des thématiques vont s’imposer, lors des entretiens?

Au travers des histoires individuelles, il va certainement être question de collectif… Qu’est-ce que le collectif apporte à chacun en termes de valeurs? Est-ce qu’il y a une conception commune des MJC? A quoi servent-elles? A mieux se connaître? A mieux connaître les autres ? A prendre position? A s’engager ? Et comment ?

As-tu déjà choisi les personnes dont tu vas faire le portrait?

Non, ce sera progressivement un choix collectif, même si je serai garante de la diversité des profils. Il faut prendre temps….

Sur demande adressée à Ariane, vous pourrez voir les films qu’elle a précédemment réalisés > ariane.bourrelier@laposte.net

FRMJC-IdF, 10 rue Duvergier - 75019 Paris - 06 95 54 61 65

La FRMJC-IdF est affiliée à la MJC de France.
Elle reçoit le soutien du Ministère de l'Education Nationale de la Région Ile-de-Franceet de l'Agence du Service Civique.

Retour en haut de la page